Viol de l’intimité (06/03/2016)
Sébastien Roselé - 04 Mars 2016
Le père, la mère et l’oncle à la barre du tribunal. Ce vendredi après-midi, ils étaient tous les trois jugés à Meaux pour avoir violenté leur fille et nièce, une adolescente de 17 ans, élève dans un lycée d’excellence.
Les parents, français d’origine sénégalaise, ont été condamnés à huit de prison avec sursis et l’oncle a été relaxé, « au bénéfice du doute », a dit le juge. La jeune victime était absente à l’audience.
C’est le père, âgé de 45 ans, qui assume seul cette violence et disculpe son frère, de 32 ans, et son épouse, 37 ans. Inséré socialement, le père de famille raconte le début de ce déchaînement de violence qui s’est produit à Meaux, le 23 janvier dernier. « J’ai voulu vérifier quelque chose sur son portable [NDLR : celui de sa fille]. Elle a commencé à trembler. J’ai donné à sa mère le téléphone parce que je ne suis pas très à l’aise avec les nouvelles technologies. »
Et c’est là que les parents découvrent les insultes que la lycéenne aurait utilisées pour qualifier ses parents dans des conversations privées avec des amis. La mère dit avoir aussi découvert que la lycéenne aurait envoyé à une amie des photos de ses deux petites sœurs nues.
Examen gynécologique et menaces d’excision sur le champ
L’adolescente reçoit dès lors des coups de poing, des coups de ceinture. Des insultes, aussi. Furieuse de découvrir, en continuant à fouiller dans le portable de sa fille que celle-ci a un petit ami, la mère se livre sur elle à « un examen gynécologique » sommaire pour reprendre les mots du juge, pour voir si elle était toujours vierge. Mais ce n’est pas tout. Toujours aussi furieux, le père coupe les cheveux de sa fille. Pendant que la mère se saisit d’un couteau en menaçant de l’exciser sur le champ.
A la barre, le père tente de se défendre mais en réalité s’enfonce davantage : « Si on avait voulu l’exciser, on l’aurait fait quand elle était en vacances au Sénégal. […] Elle a 17 ans, c’est techniquement impossible. » L’avocat des parents, qui a mis en avant ses origines togolaises, a tenté de voler au secours de ses clients : « Est-ce que couper les cheveux en Afrique est une punition ? » Oui, ont répondu les parents.
Me Sandrine Doffou, l’avocate de la lycéenne, n’a pas mâché ses mots. « Je n’ai jamais fait état de mes origines depuis que je plaide. Mon père est d’origine africaine. (…) Non, ce n’est pas culturel de battre ses enfants. Non, ce n’est pas culturel de couper les cheveux. Non on ne peut pas violer l’intimité d’un adolescent. […] Je suis convaincue que si l’on était au Sénégal, ils seraient condamnés de la même façon. »
La procureure avait demandé des peines de six mois de prison ferme pour le père et l’oncle avec incarcération à la fin de l’audience. Et huis mois ferme mais sans incarcération pour la mère. Les juges ont été moins sévères – Fin de l’article -
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[ C’est bien regrettable que la Justice ait épargné la mère, c’est elle qui a dénoncé sa fille, procédé à ce sordide « examen gynécologique » - elle savait parfaitement ce qu’elle faisait en informant toute la famille que sa fille avait un " petit ami "
C’est d’autant plus regrettable que la victime a deux jeunes sœurs qui un jour risqueront de se voir mariées forcées - Crab – 7 Mars 2016 ]
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