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PYRAME et THISBÉ (05/06/2009)

 PYRAME et THISBÉ (de) ;    la scène originaire...

 

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Et de l'embrouille d'un code impératif

 

Extrait
PYRAME et THISBÉ effaçaient en beauté tous les hommes, toutes les filles de l'Orient. Ils habitaient deux maisons contiguës dans cette ville que Sémiramis entoura, dit-on, de superbes remparts

Le voisinage favorisa leur connaissance et forma leurs premiers nœuds. Leur amour s'accrut avec l'âge L'hymen aurait dû les unir; leurs parents s'y opposèrent, mais ils ne purent les empêcher de s'aimer secrètement. Ils n'avaient pour confidents que leurs gestes et leurs regards; et leurs jeux plus cachés n'en étaient que plus ardents [.../...] Fin de l'extrait
Métamorphoses d'Ovide : Pyrame et Thisbé (IV, 55-166).
Traduit par, Emmanuelle BAUMGARTNER


L'
Histoire de PYRAME et THISBÉ, pour moi, est l'expression des dispositions ou qualités inhérentes à la nature humaine;nature faites de singuliers, où se manifeste l'attirance physique, l'émotion irrésistible de s'approcher et de connaître cet autre.
C'est là, la victoire de la volonté de puissance de la personne d'être soi-même et non pas un objet ou une marchandise propriété du clan
(1)
Cette victoire, était à ce moment là,
un des marqueurs, majeurs de la pensée, de l'humanisme, essentiel fondateur de notre Culture

Le mariage arrangé ou forcé

''
L'hymen aurait dû les unir ; leurs parents s'y opposèrent, mais ils ne purent les empêcher de s'aimer secrètement ''

A cette époque, non seulement le mariage était obligatoire, mais pire faisait l'objet d'un arrangement entre parents des deux familles et qui plus est était forcé; c'était ce que l'on désigne par le code impératif et qui par la suite sera celui des moralines de chacun des monothéismes

PYRAME et THISBÉ désobéissent, transgressent la loi, ignorent le code impératif; par leur volonté à la fois d'être et d'être réuni, ouvrent la voie à l'insoumission

Après la fin tragique de PYRAME et THISBÉ, leurs parents ne purent condamner leur comportement, se rendirent et contre la loi les enterrèrent cote à cote

Les moralines ou codes impératifs

Les moralines christicole et mahométane imposeront le code impératif (le mariage arrangé ou forcé) pendant des siècles
(Code impératif, à notre époque, encore appliqué, en vigueur dans la majorité des populations ou pays qui se réclament de l'islam)

La pensée

La voix ouverte par OVIDE, (hormis dans les pays musulmans), a contribué à forger la pensée: D'abord au moyen âge, puis à la Renaissance, plus tard durant la période les lumières, puis enfin depuis un peu plus d'un siècle tant dans la littérature et dans les faits aura permis à l'humanité de l'être  de triompher de ce reliquat contre nature issue de l'antiquité

Le droit à Être

Il faudra pratiquement attendre le début XXe siècle, pour que le mariage ou le choix du (de la) marié ne soit plus imposé par les parents dans nos sociétés et que cet abandon devienne un fait essentiel de notre Culture.
Un fait essentiel, car il ne faut pas s'y tromper, cela revenait à porter un coup fatal au patriarcat et son support la religion

Ne pas se voiler la face

Aujourd'hui, dans notre société,
l'égalité admise entre hommes et femmes, est certes, la conséquence du triomphe des amours de PYRAME et THISBÉ; cependant nous n'en avons pas totalement fini avec (la moraline) le code impératif du patriarcat (2) religieux, n'est pas totalement acquise
Sans vigilance, sans  le renforcement de la loi, le mariage forcé pourrait se maintenir voire s'accroitre, comme cela s'est constaté dors et déjà dans ce que l'on appelle, dans notre pays, les quartiers

La loi

Avoir tout le temps à l'esprit que la loi qui condamne le mariage forcé est une expression de notre culture; elle est défenderesse de l'autonomie et de la liberté d'être de la personne
Il s'impose de  reléguer dans les poubelles de l'Histoire les moralines religieuses (ou d'origines religieuses)
Crab

(1) Citation; L'énergie, la potentialité (nyoze riki), la force ou l'énergie potentielle inhérente à la vie pour réaliser quelque chose. Source nichiren
(2) L'homme est le chef de la femme...La virginité des filles pour assurer cette suprématie des hommes...Le garçon est plus important que la fille... C'est un garçon qu'Abraham accepte de sacrifier... Etcétéra, etcétéra...

 

ADONIS (de); et de la pensée...
Son vrai nom  Ali Ahmad Esber


Extraits
[...]
voit le jour en janvier 1930 dans un village de Syrie, près d'Ougarit. Etonnamment lettré pour un paysan, son père l'initie très jeune à la langue arabe et à la poésie. Mais l'école coranique lui "fait haïr la lecture et l'écriture". Il en sort grâce au... président de la République d'alors, Chokri Al-Kouatli, en visite dans la région. Le jeune garçon fait des pieds et des mains pour lire devant le chef de l'Etat un poème de sa composition, et il y réussit : "Vous êtes l'épée et nous sommes le fourreau..." En guise de récompense, on l'envoie à l'école laïque française de Tartous, où il troque sa robe paysanne pour un vêtement citadin. C'est là qu'il déchiffrera Les Fleurs du mal de Baudelaire, mot à mot, à l'aide d'un dictionnaire bilingue...
[...]

; « "JE SUIS NÉ EXILÉ"
Avec l'avènement de l'islam, affirme Adonis, la poésie a été réduite en un instrument au service de la religion. Ce n'est que sous les Omeyyades qu'elle a repris son souffle et sa liberté, pour atteindre son apogée au temps des Abbassides. Puis, on est revenu en arrière. "La culture arabe, affirme-t-il, est fondée sur deux choses essentielles : la religion et la poésie. Deux choses antinomiques, voire ennemies." Le public crie "Allah !" pour saluer une belle rime. "Comment un être qui ne voit et ne pense que par la religion peut-il, en même temps, s'ouvrir sur ce lieu de transgression et d'égarement qu'est la poésie ?, se demande-t-il. Quel est le secret ? Comme si ce plaisir était une vengeance inconsciente du musulman contre la religion."
Un poète, selon lui, est un immigré, indépendamment de son origine. "Je suis né exilé", affirme Adonis, pour qui "l'exil est la véritable patrie du créateur". Etre poète, c'est avoir une existence en perpétuel mouvement, vivre à la fois une naissance et une négation permanentes. "Le poète n'écrit pas ce qu'il connaît. L'écriture embrasse l'inconnu. Sinon elle n'est pas l'écriture."
Source: LE MONDE.  Entretiens avec Houria Abdelouahed.
http://www.lemonde.fr/livres/artic [...] _3260.html


Cet interviewe publié par le Monde est une gifle à l'adresse de tous ceux qui essaient de faire passer pour raciste toute personne qui comme moi portent un regard lucide sur "la culture islamique".., et d'autre part considère que les religions sont nuisibles.., l'endoctrinement des enfants dans les moralines religieuses inacceptable..., et que la pire de toutes les religions monothéistes est celle qui englobe à la fois l'idéologie que propose le coran, la shariah conjuguée à toute la production des Hadiths qui y sont attachés
Suffit de se reporter à l'ensemble des analyses de ces textes que je n'ai pas manqué de produire...
Crab

 

L'article parut au Monde

" Le Regard d'Orphée ", d'Adonis : Adonis le dissident

 

LE MONDE DES LIVRES | 04.06.09 | 11h13 . Mis à jour le 04.06.09 | 11h13

Poète : "Ecrivain qui compose de la poésie", nous dit modestement Le Petit Robert. "Ecrivain qui pratique la poésie", précise Le Petit Larousse, ce qui est déjà plus ambitieux - et plus conforme à Adonis. Sachant que "pratiquer", dans son cas, ne veut nullement dire observer des prescriptions, mais au contraire vivre, penser et créer en toute liberté.

Ce grand poète arabe s'en explique dans un livre d'entretiens passionnant avec Houria Abdelouahed, maître de conférences à l'université Paris-VII : une interlocutrice de choix, qui a le double avantage d'avoir traduit son dernier recueil, Le Livre Al Kîtab (Seuil, 2007), et d'être psychanalyste. On quitte vite le registre de l'interview pour atteindre un dialogue d'une rare qualité, sur la poésie bien sûr, mais aussi sur l'exil, la sensualité, l'islam et la misère intellectuelle dans laquelle le monde arabe semble s'enliser.

Adonis - de son vrai nom Ali Ahmad Esber - voit le jour en janvier 1930 dans un village de Syrie, près d'Ougarit. Etonnamment lettré pour un paysan, son père l'initie très jeune à la langue arabe et à la poésie. Mais l'école coranique lui "fait haïr la lecture et l'écriture". Il en sort grâce au... président de la République d'alors, Chokri Al-Kouatli, en visite dans la région. Le jeune garçon fait des pieds et des mains pour lire devant le chef de l'Etat un poème de sa composition, et il y réussit : "Vous êtes l'épée et nous sommes le fourreau..." En guise de récompense, on l'envoie à l'école laïque française de Tartous, où il troque sa robe paysanne pour un vêtement citadin. C'est là qu'il déchiffrera Les Fleurs du mal de Baudelaire, mot à mot, à l'aide d'un dictionnaire bilingue...

Licence de philosophie. Engagement politique. Onze mois effroyables dans les geôles syriennes. En 1956, jeune marié, Ali Ahmad Esber décide de quitter son pays et de s'installer au Liban, dont il prendra la nationalité. Avec un ami, il crée la revue Shi'r ("poésie"), visant, ni plus ni moins, à "fonder une autre langue poétique". Sa thèse de doctorat est consacrée à l'influence négative de la religion sur la créativité, un thème qu'il ne cessera d'approfondir par la suite. Et, pour couronner la transgression, Ali Ahmad Esber, musulman arabe, emprunte son nom de plume à un dieu païen de la mythologie grecque.

Adonis fait un premier séjour à Paris en 1960-1961, où il rencontre Henri Michaux, Jacques Prévert, Pierre Jean Jouve, Alain Bosquet... Un choc, et une seconde naissance poétique. C'est là qu'il écrit la plus grande partie de ses fameux Chants de Mihyar le Damascène (Poésie/Gallimard, 2002). Il reviendra en France un quart de siècle plus tard, cette fois pour s'y établir.

Le poème en prose s'installe avec la revue Shi'r. Adonis est l'un des premiers à briser le moule de la versification et de la métrique arabes classiques. Voulant "en finir avec la structure linéaire" de la poésie, il y introduit des dialogues et divers éléments architecturaux ou musicaux : il faut que la forme s'adapte à une pluralité de thèmes, puisés aussi bien dans les légendes de l'Arabie païenne que dans la culture islamique traditionnelle, la mythologie grecque et romaine, les grands mystiques arabes ou les poètes occidentaux modernes. On l'accuse de détruire l'héritage, mais il n'en a cure, persuadé au contraire de renouer avec une créativité perdue depuis des siècles.

Le poète, dit-il, "doit mettre de la distance entre lui et la langue commune, sinon il n'est pas poète". A lui d'inventer "une langue à l'intérieur de la langue". Mais pour qu'on puisse vraiment le comprendre, il faudrait le lire dans sa langue maternelle, disait Adonis à sa fille, Ninar Esber, dans un précédent livre d'entretiens (Conversations avec Adonis, Seuil, 2006). Cela ne l'empêche pas d'être remarquablement traduit en français, notamment par Anne Wade Minkowski, et d'avoir lui-même traduit en arabe des poètes comme Saint-John Perse ou Yves Bonnefoy. Des spécialistes lui ont sévèrement reproché de prendre des libertés avec le texte initial. "La traduction, réplique-t-il, est une autre création. Lorsque je traduis, je ne choisis pas le mot que me désigne le dictionnaire, mais celui qui s'harmonise avec la phrase arabe d'un point de vue poétique et musical." Houria Abdelouahed précise joliment pour sa part : "Quand je traduis, je me remplis la bouche avec le mot. C'est une expérience extrêmement sensuelle, jouissive, érotique, et en même temps angoissante. Il y a l'angoisse du saut et du vide. (...) Habiter les deux langues et, à un certain moment, aucune. On va de l'une à l'autre et on aime les deux. Mais par moments on flotte ou on reste suspendu."

La langue d'Adonis est à la fois très littéraire et très inventive. Un poème traduit par François Xavier, et paru dans le quotidien libanais L'Orient-Le Jourdu 12 mars 1998, commence ainsi :

"J'ai écrit mon identité
A la face du vent
Et j'ai oublié d'écrire mon nom.
Le temps ne s'arrête pas sur l'écriture
Mais il signe avec les doigts de l'eau
Les arbres de mon village sont poètes
Ils trempent leur pied
Dans les encriers du ciel"

Pour Adonis, qui a été influencé aussi bien par Nietzsche que par la philosophie soufie, la religion doit être distincte de la société, mais la poésie, elle, ne peut être séparée de la pensée : c'est comme le lien "que tisse le parfum avec la fleur". Aujourd'hui, remarque-t-il, "la poésie arabe est très loin de la pensée". Ce n'est qu'une "sorte de chant", dans le vide, parce que privé de confrontations avec la langue, la religion et les grandes questions existentielles. D'une manière générale, le débat intellectuel est interdit. "On est considéré comme mécréant dès qu'on ose poser une question. Toute interrogation devient blasphématoire." Il ne cesse pour sa part de "blasphémer", comme peu d'intellectuels arabes osent le faire...

" JE SUIS NÉ EXILÉ "

Avec l'avènement de l'islam, affirme Adonis, la poésie a été réduite en un instrument au service de la religion. Ce n'est que sous les Omeyyades qu'elle a repris son souffle et sa liberté, pour atteindre son apogée au temps des Abbassides. Puis, on est revenu en arrière. "La culture arabe, affirme-t-il, est fondée sur deux choses essentielles : la religion et la poésie. Deux choses antinomiques, voire ennemies." Le public crie "Allah !" pour saluer une belle rime. "Comment un être qui ne voit et ne pense que par la religion peut-il, en même temps, s'ouvrir sur ce lieu de transgression et d'égarement qu'est la poésie ?, se demande-t-il. Quel est le secret ? Comme si ce plaisir était une vengeance inconsciente du musulman contre la religion."

Un poète, selon lui, est un immigré, indépendamment de son origine. "Je suis né exilé", affirme Adonis, pour qui "l'exil est la véritable patrie du créateur". Etre poète, c'est avoir une existence en perpétuel mouvement, vivre à la fois une naissance et une négation permanentes. "Le poète n'écrit pas ce qu'il connaît. L'écriture embrasse l'inconnu. Sinon elle n'est pas l'écriture."

LE REGARD D'ORPHÉE d'Adonis. Entretiens avec Houria Abdelouahed. Fayard, "Témoignages pour l'Histoire", 342 p., 22 €.

Robert Solé

14:48 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : femme, amour, société |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer |