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Opéras (10/12/2012)

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Le pouvoir de la femme à travers sa voix

Devant la toute puissance de l'aristocratie, Mozart avait '' changé '' l'image de la femme et mis nettement en cause, dans plusieurs de ses opéras, notamment dans son Don Giovanni *, '' le droit de cuissage '' et porter des coups fatals, à son époque, à une misogynie '' des plus naturellement admises ''

*- Sous-titré pour éviter la censure, une façon de dire une chose et son contraire : « drama giocoso, drame joyeux »

« Je ne parle pas, je chante pour moi-même et je pense ; il n'est pas défendu de penser... »

Carmen de G. Bizet, ne se '' contente '' pas de parler, elle chante – elle chante sa pensée, sa réalité de femme, la force de sa voix découvre son pouvoir de femme

 

Interdite de chanter en public durant des siècles, la femme en Europe, enfin, sort du silence que lui imposait d'obscurantistes hommes d'églises se jouant de la crédulité ou de la soumission de rois à '' l'ordre divin '' confortés politiquement par la '' bien pensance '' d'une bonne partie de l'aristocratie, conquiert ce lieu d'expression privilégié qu'est l'opéra

 

Désormais, elle n'est plus bonne seulement à servir, le désir ne lui est plus interdit, elle peut depuis la scène faire voir et entendre le pouvoir de la femme à travers sa voix

 

L'opéra , par excellence le lieu privilégié de l'expression du désir est en lui-même une victoire, le triomphe de la femme, au-dessus de tout, de son droit à l'expression, enfin pour elle de se faire comprendre

 

Face à l'ex-amant incapable de s'assumer, Carmen préfère la mort que de sacrifier sa liberté, de s'interdire son droit au désir

 

Dans le Don Giovanni Donna Anna n'est pas seulement une jeune femme délaissée, ni exclusivement confinée dans la haine qu'elle voue à l'assassin de son père mais aussi, se montre jalouse et '' prisonnière de son désir ''

 

Par dérision ou '' affectation '', lucidement Mozart fait Elvira tragi-comique dans son outrance, essentiellement sous l'emprise de son obsession, toutes ces femmes donnent le spectacle du désir féminin dans tout ce qu'il peut avoir de transgressif et de subversif, dans d'autres situations exprime, reflète avec force ou extrême agressivité le mental de certaines des femmes sous l'emprise de la vénalité ou de la mauvaise foi, ce qui n'est pas sans rappeler, dans chacun des cas de figure, par le biais du théâtre de l'opéra l'importance que revêt dans notre culture la Tragédie des anciens grecques

 

L'art échappe aux religions, telle une '' créature '' sortie tout droit des pinceaux de Léonard de Vinci, un corps affirmé, insolent de vérité où se fond à la fois le moi et l'image, c'est enfin le tour de Cléopâtre d'irradier la scène de son désir en usant de sa féminité mis au service de ses plus grandes ambitions, puis, personnage de femme d'un mental non inhibée par les contre-natures idéologies platoniciennes, forte psychologiquement, armée d'une force vitale à toutes épreuves, l' aimeuse, se voit '' rattrapée '' par ses dispositions naturelles pour la passion amoureuse

 

Puis, presque le pendant de Cléopâtre, la subtile et ironique nudité d' Olympia ( interprétation du rôle par Patricia Petibon ) dans '' les contes d' Hoffman ''

 

[ « L'érotisme est un humanisme », écrivait Georges Bataille ], l'art de désirer est totalement inexistant dans la fausse plénitude ambiante ou plénitude factice purement idéologique, avant que ne soit goûter les fruits de l'arbre de la connaissance dans le jardin d’Éden, à l'initiative d' Ève qui non seulement maîtrisait le dialogue avec elle-même, savait regarder au plus profond d'elle-même

 

Contre les religions, l'Art de désirer se joue des interdits religieux, se renforce, compose ou s'émancipe pour dans notre '' paradis terrestre '' définir l'humanité *, c'est en ce sens, que j'ai particulièrement apprécié, ces trois dernières années, de voir ou revoir, quatre des opéras parmi les grands opéras qui disent autre chose de la condition humaine, plus particulièrement celle des femmes, ils ne sont rien moins que la parole de la femme portée par sa voix bien au-delà du langage :

Olympia dans les contes d'Hoffmann

http://laicite-moderne.blogspot.fr/2014/02/tous-poil.html

 

Suites : Carmen - suivi de Don Juan, de Cléopâtre

http://laiciteetsociete.hautetfort.com/archive/2009/12/08/carmen.html

Crab - 10 Décembre 2012

 

: Dans l'actualité, dire que l'érotisme est un humanisme vaut pour les passions amoureuses des homosexuelles et des homosexuels

 

 

 

 

 

14:33 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : culture, presse, médias, télévision, féminisme, censure, cinéma, musique |  Facebook | | Pin it! |  Imprimer |