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20/12/2015

Les femmes d'Alger sur arte

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Les femmes d'Alger - 1834

L'émission '' Les petits secrets des grands tableaux '' sur arte fait figure presque toujours d'un excellent document susceptible d'initier les plus jeunes et moins jeunes des auditeurs à un tableau née du pinceau de grands peintres dont l’œuvre est remarquablement replacée dans l'atmosphère ou la réalité de l'époque - toutefois ce dimanche 20 décembre ce ne fut pas tout à fait ou complètement le cas :

en effet dans le récit proposé par arte du tableau de Delacroix '' Les femmes d'Alger '' j'ai relevé plusieurs lacunes, mais pas des moindres : pas un seul commentaire sur la servante noire chaussée de babouches quand les trois femmes aux pieds nus prisonnières et oisives s'adonnant aux paradis artificiels sont parfaitement observées et décrites par Assia Djebar ( femme de lettres algérienne ) : [ tout s'y joue avec le rapport avec leurs corps ainsi qu'avec le lieu de leur enfermement, prisonnières d'un lieu clos qui s'éclaire d'une lumière venue de nul part qui les rends présentes et lointaines à la fois ]

Dans ce document il n'est dit mot de la condition d'esclave de la '' servante noire '' car cela reste encore en 2015 pour les '' grands médias '' un tabou*1 au point d'éviter de rappeler chaque fois que nécessaire que les pays musulmans avant d'être colonisées étaient aussi de grands esclavagistes et d'atroces preneurs d'otages - qui cela prit fin avec les victoires de la marine américaine sur les barbaresques et les guerres de la colonisation bien qu'elle fussent, pour ces dernières, dramatiquement des plus sanglantes

*1 : Esclavage et traite des esclaves : Michel Onfray et Malek Chebel, vidéo :

http://crab.painter.free.fr/videos/0%20Onfray_%20et%20Malek%20Chebel%20_%20l%20esclavage.flv

Delacroix dans ses carnets n'évoque point la condition d'esclave de la servante noire qui n'est pas manifestement, au regard de la toile, autorisée à se déplacer pieds nus – d'ailleurs un bien pauvre privilège accordé aux trois « enfermées musulmanes » pendant les quelques moments d'un quotidien des plus tristement ennuyeux de pouvoir se débarrasser de leurs babouches

Originellement inspiré par Robespierre et conforté par l'exécrable et l'incroyable misogynie de Napoléon, ce tableau s'inscrit dans cette première moitié d'un XIXe siècle qui a tout fait pour déconstruire brutalement un mouvement de libération des femmes, un mode d'expression féministe largement amorcé au XVIIIe siècle à travers les principaux grands opéras de Mozart ( notamment : les Noces de Figaro et Don Giovanni ) et la pensée de la vraie républicaine, féministe et anti-esclavagistes Olympe de Gouges auteure ( entre-autres écrits ) des '' droits de la femme et de la citoyenne ''

Sommes toutes, aussi grand artiste qu'il ait été, au même titre que la plupart des « grands hommes » de son temps l'artiste est idéologiquement inféodé à tout ce qui peut sublimer la condition des femmes dans une société atrocement patriarcale - Delacroix disait sans détours que les femmes d'Alger correspondaient à ce qui, pour lui, doit être la place de la femme dans la gynécée – bref : « tout un poème » que ne manqueront pas de saluer nos meilleures féministes...

En Juin 2011 j'écrivais : Les femmes d'Alger, Suite :

http://laicite-moderne.blogspot.fr/search?q=Les+femmes+d%27Alger

ou sur :

http://laiciteetsociete.hautetfort.com/les-femmes-d-alger/

Crab 20 Décembre 2015