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05/07/2012

FAITS-DIVERS

C'est le sous-titre d'un article publié par un journal en ligne [ 20 minutes ] , alors qu'il s'agit, une fois de plus, d'un acte antisémite

0 école juive Ozar Hatorah.jpg

Élève de l'école juive Ozar Hatorah,

un adolescent de 17 ans a été violemment agressé mercredi soir alors qu’il se trouvait dans un train reliant Toulouse à Lyon

Le jeune homme a déposé plainte dans un commissariat lyonnais et le ministère de l’Intérieur a précisé que l’identité « des deux agresseurs » étaient « connues grâce à l’action en gare de la police ferroviaire »

 

Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a dénoncé une « agression antisémite » et rappelle dans un communiqué « la mobilisation totale des pouvoirs publics afin de combattre toutes les résurgences de ce mal profond qu'est l'antisémitisme »

 

Fait positif : " Seule l'intervention d'un passager et des contrôleurs de la SNCF a pu mettre un terme aux violences "

 

Ce n'est pas un fait isolé, ni encore moins un fait divers, les agressions sont la conséquence d'une construction intellectuelle élaborée sans relâche par les défendeurs sans nuances de la cause des palestiniens

 

Je récuse le fait que l'on puisse dire que la France n'en a pas fini avec l'antisémitisme alors que la cause de la recrudescence de la haine des juifs constatée importée dans notre pays est exclusivement cautionnée par les chantres du relativisme culturel, sont particulièrement bien reçus dans beaucoup trop de nos médias sans avoir en face d'eux d'efficaces contradicteurs - Crab – 05 Juillet 2012

 

Citation : Voyage au bout du nouvel antisémitisme

Créé le 03-07-2012 à 18h18 - Mis à jour le 05-07-2012 à 13h22

Par Isabelle Monnin , journaliste

 

Un jeune juif a été roué de coups ce jeudi matin dans un train entre Toulouse et Lyon. Dans la France de 2012, ils sont de plus en plus nombreux à subir cette violence au quotidien. L'enquête du "Nouvel Observateur"

 

C’est une goutte. Le 11 juin à Paris, Elie M., 12 ans, a dit à ses parents qu’il faudrait changer de nom : au collège on l’avait traité de "sale juif". Le 30 avril à Marseille, deux jeunes garçons ont été interpellés dans la rue : "Nous, on est pour la Palestine, on n’aime pas les juifs, on va tous vous tuer, on va tous vous exterminer, sales juifs que vous êtes." Puis ils se sont fait casser la gueule. Le 8 juin à Sarcelles, un adolescent a été insulté par trois jeunes : "Ferme ta gueule, sale juif." Il s’est défendu ; l’un d’eux l’a tenu au cou pendant que les deux autres le frappaient. Ça ne fait pas de bruit, une goutte, on ne l’entend que si on tend l’oreille.

 

Le 26 mars à Paris, un enfant de 11 ans portant tsitsits, ces franges traditionnelles, a pris des coups de poing au visage à quelques mètres de son école. "Sale juif", a dit son agresseur. Le même jour à Rillieux-la-Pape, dans le Rhône, en rentrant de la synagogue, un rabbin a été insulté par une bande de gamins de 12 ans environ. Ils lui ont jeté des pierres.

 

"J'aime pas les juifs, c'est comme ça"

 

Quatre jours plus tôt, Mohamed Merah avait été abattu par la police à l’issue d’une équipée sanglante dans laquelle il avait tué sept personnes dont trois enfants juifs et un rabbin dans une école confessionnelle. Chaque fois c’est pareil : on pense que l’horreur d’un crime éteindra les mauvais instincts. Mais l’émotion, pour être générale, n’est jamais unanime. Au contraire. Le djihadiste toulousain est devenu un genre de héros pour une petite minorité. Des tags à sa gloire, un peu partout, ont fleuri. Lors de la minute de silence imposée dans toutes les écoles en hommage aux victimes de l’école Ozar Hatorah, de nombreux incidents ont été répertoriés.

 

A Caussade, dans le Tarn-et-Garonne, une collégienne a dit : "Pour les juifs, je m’en fiche, mais s’il y a des Arabes, on peut le faire. J’aime pas les juifs, c’est comme ça." Convoqués, ses parents l’ont soutenue : "Vous ne faites rien pour les Palestiniens." A Marseille, une famille a été prise à partie par un doctorant en physique de 24 ans. Fils d’une universitaire et d’un ingénieur, il voulait "parler de la Palestine" avec le père de famille et lui a cassé la mâchoire. "J’ai vu à sa tête qu’il était sioniste", a expliqué à ses juges celui pour qui Mohamed Merah était un "résistant". Il a été condamné à un an ferme.

 

"Un climat"

 

Une goutte dans un océan d’actualité. Une de plus. On aimerait l’oublier, la laisser tomber puis sécher dans son coin, la dédaigner. Mais elle revient toujours, avec une régularité de métronome. La France n’en a pas fini avec l’antisémitisme.

 

Bien sûr, les juifs n'ont pas le monopole de la crainte. Ils ne sont pas la seule communauté à souffrir d'agressions de toute sorte. Ils ont moins de soucis que d'autres pour trouver un logement ou un travail. Mais s'ils portent une kippa, ils ne peuvent plus se promener sans peur dans certains quartiers. Des rabbins se font chahuter, on leur pique leur chapeau en passant, quand on ne les insulte pas. Les jours de shabbat, où les plus pratiquants des juifs sont les plus visibles et aussi les plus vulnérables (se déplaçant à pied et sans téléphone portable, pour respecter le dogme), les incidents se multiplient.

 

Dans certains quartiers populaires des régions parisienne, marseillaise ou lyonnaise, il y a, comme on dit, "un climat". Pas forcément une tension. Mais "un climat", malsain. Une vieille femme, vivant depuis toujours dans son immeuble à Marseille, trouve un matin la mention "sale juive" sur sa boîte aux lettres. Romy H., à Cannes, se demande si sa voisine, qui râle sans cesse contre ses "odeurs de cuisine" et trouve que la mezouzah qu'elle a mise au seuil de sa porte conformément à sa tradition religieuse dégrade les parties communes, n'a pas "un problème avec les juifs".

 

La plupart des incidents ne vont pas jusqu'à la violence et ne se terminent pas dans le sang comme début juin à Villeurbanne lorsque trois juifs ont été attaqués par une bande. Ce jour-là, l'un d'eux a été frappé à la tête avec un marteau. En général, il n'y a même pas de quoi porter plainte : à quoi bon prendre le risque de représailles pour si peu ?

 

Grand défouloir

 

C'est obsédant, une goutte. Ca peut rendre fou. Le récit de ce nouvel antisémitisme, diffusé à la vitesse du clic, va plus vite que le cheval au galop du shtetl d'antan. Les médias sont accusés d'être les amis des Arabes et donc, par paresseuse et injuste translation, forcément antisémites. Dans les boîtes mail, les listes de diffusion, mayonnaise anxiogène, font tourner en boucle les incidents, les amplifient.

 

De l'autre côté, le Net charrie son torrent de haine loin de tous ces médias (les mêmes) accusés immanquablement d'être dans la main du "lobby juif". Les modérateurs des sites internet le savent bien, qui doivent bloquer l'accès aux commentaires dès qu'il se passe quelque chose au Proche-Orient : la Toile est le grand défouloir des haines. Cette hypersensibilité se double parfois d'une maladresse, voire d'une tendance paranoïaque à faire de tout acte contre un juif une preuve indiscutable de l'antisémitisme rampant.

 

Le nombre d'acte antisémite flambe

 

Pour désamorcer les critiques en exagération, le Conseil représentatif des Institutions juives de France (Crif ) s'est doté en 2003 d'un outil de comptabilisation des actes antisémites validés par le ministère de l'intérieur. Le Service de Protection de la Communauté juive (SPCJ), enregistre et centralise toutes les plaintes.

 

En 2011, 389 actes ou menaces ont été recensés, contre 466 en 2010. Ce qui fait dire à Ariel Goldmann, vice-président du Crif et porte-parole du SPCJ, que "depuis dix ans on est systématiquement à plus de 300 actes par an". Depuis le début de l'année 2012, et surtout depuis l'affaire Merah en mars, les chiffres flambent : fin mai, déjà 268 actes répertoriés, dont 78 actions violentes (dégradations, violences sur personne) et 190 menaces et actes d'intimidation (tracts, tags, injures).

 

La majorité des signalements se situent à Paris, en Ile-de-France, en banlieue lyonnaise et à Marseille. "L'antisémitisme d'extrême droite est plus organisé, selon le service juridique de la Ligue internationale contre le Racisme et l'Antisémitisme (Licra). Celui des banlieues semble plus spontané, non prémédité : ils se promènent, ils voient une kippa, ils se lâchent..." Comme si les uns disaient tout haut ce que d'autres pensent tout bas.

 

Un antisémitisme souvent le fait de jeunes se disant musulmans

 

Ça revient toujours sur le lieu de son crime, une goutte. Eternellement par le même chemin. Si l'antisémitisme aujourd'hui est souvent le fait de jeunes issus du Maghreb ou d'Afrique noire et se disant musulmans, il n'est pas éloigné de l'antisémitisme occidental, si banal et florissant dans les années 1930. S'y ajoute la mélasse politico-religieuse transposée du confit israélo-palestinien et de l'antiaméricanisme. Mis à l'envers, le logo de Coca-Cola voudrait dire : "Pas d'Allah, pas de Mecque" en arabe. "On m'a même expliqué très sérieusement que lorsqu'on débouche une bouteille de Coca, on entend le mot "juif" !" sourit un professeur.

 

Lire le témoignage de Iannis Roder, professeur d'histoire-géographie à Saint-Denis

 

Ainsi, comme un démon increvable, l'antisémitisme renaît toujours, crachant les mêmes clichés (le-juif-est-riche-puissant-solidaire), grimaçant la même haine (éradiquons-le-juif), mélangeant sa mauvaise bouillie (le-juif-tue-les-Palestiniens). Pour Nicole Yardeni, du Crif de Midi-Pyrénées, ces jeunes perpétuent un antisémitisme très virulent dans le monde arabe, que les juifs issus d'Afrique du Nord ont connu autrefois et que les jeunes Arabes de France ont dans leurs mémoires. Le cliché du juif et de l'argent est plutôt fort dans le monde chrétien. Dans le monde arabe, on assimilerait plutôt le juif à la femme, c'est-à-dire à l'inférieur."

 

Le 14 mai, dans le métro parisien, Roger O. a été agressé par un homme noir qui lui a dit : "Salope, tapette, tu es juif : tu as vu comment tu es habillé ?"

 

Qui est juif ? Qui est musulman ?

Des clichés, Isabelle Wekstein, avocate de confession juive, en a entendu depuis qu'elle fréquente les établissements scolaires avec Mohamed Ulad, un réalisateur d'origine marocaine. L'idée de départ est simple : demander aux élèves lequel des deux est juif, lequel est musulman. Un garçon, s'adressant à Mohamed Ulad :

 

- "Vous, monsieur, à 100%, vous êtes juif . A cause de votre coupe de cheveux."

Combien y a-t-il de juifs en France, d'après vous ? demandent-ils ensuite aux adolescents.

- "Au moins 30 millions, répond une fille, mais ils se cachent, on ne le sait pas."

Se souviennent-ils d'Ilan Halimi, ce jeune juif supplicié par le "gang des barbares" de Youssouf Fofana ?

- "Oui, c'était un Israélien qui a été tué parce qu'il avait de l'argent, les juifs sont riches. S'il aurait [sic] été juif, Fofana serait pas parti en prison à vie, les juifs s'en sortent mieux que les Noirs et les Arabes."

 

"Il y a quelques années, l'antisémitisme de ces jeunes se référait a u confit israélo-palestinien, dit Isabelle Wekstein. Aujourd'hui, il ressemble de plus en plus à celui des années 1930." Pour le président de la Licra, Alain Jakubowicz, "la 'dieudonnisation' des esprits qui gagne dans les banlieues n'est pas moins dangereuse que la lepénisation dont elle est le complément d'objet direct".

 

La tentation du repli

 

C'est destructeur, une goutte. "Le grand trauma de la communauté juive reste la vague d'antisémitisme des années 2000-2002 dans les banlieues, analyse l'historien Tal Bruttmann. Une partie de la communauté s'est sentie abandonnée par le gouvernement Jospin et a basculé à droite. Elle reproche à la gauche de ne pas se détacher de cette idée bien-pensante selon laquelle une minorité ne pourrait pas elle-même se montrer raciste. Or c'est bien le cas, et c'est vrai dans les deux sens : la hausse de cet antisémitisme-là conforte le racisme et l'islamophobie d'un certain nombre de juifs."

 

Depuis dix ans, le nombre d'enfants quittant l'école publique pour des écoles juives ne cesse d'augmenter. Ils sont 30.000 aujourd'hui (sur une communauté globale estimée à 600.000 juifs), repliés derrière les murs protégés de ces établissements. "Les gens se demandent s'ils doivent rester", assure Sammy Ghozlan, responsable du Bureau national de Vigilance contre l'Antisémitisme. Des jeunes s'inventent un avenir ailleurs, aux Etats-Unis, les plus anciens se disent qu'ils pourraient aller vivre en Israël. D'autres s'alarment d'une montée des tensions : "On ne sait plus comment tenir nos jeunes qui chaque samedi se font insulter en boîte de nuit, dit Michèle Teboul, responsable du Crif Marseille Provence. Notre équipe de foot ne peut plus participer aux compétitions, ça tournait chaque fois au pugilat. Mais nous ne pouvons pas les priver de tout."

 

A Toulouse, les jeunes ont un numéro de téléphone où appeler pour obtenir de l'aide : des amis arrivent alors en scooter, "pour faire nombre". Ariel Goldmann veut nuancer : 

 

On vit très bien son judaïsme en France, mais il y a des endroits où c'est plus difficile. Ces endroits sont difficiles pour tout le monde, nous ne prétendons pas en être les seules victimes."

 

Toujours la crainte d'en faire trop et d'alimenter cette idée ancrée qu'il n'y en a que pour les juifs. Alors beaucoup se taisent, effacent le graffiti sur la devanture du magasin casher, réparent la mezouzah dix fois dégradée, ne veulent pas faire de vagues.

 

"L'un d'eux l'a poignardé à plusieurs reprises"

 

David, lui, est corse. Il y a deux ans, il était avec un de ses amis sur un banc, dans un square du 13e arrondissement de Paris, quand une dizaine de jeunes gens les ont pris à partie. "Soudain l'un d'eux a crié : 'Sale juif'. Je pense qu'il avait vu l'étoile de David autour du cou de mon ami. Ca a été comme un top départ. Ils l'ont roué de coups de pied et de poing et l'un d'eux l'a poignardé à plusieurs reprises dans le bras. Ils disaient : 'On va te saigner, sale juif'. Avant cela, comme beaucoup de gens, je pouvais penser que les juifs sont dans la victimisation, qu'ils exagèrent. Depuis cela, je sais que l'antisémitisme existe. Ils l'auraient tué si je ne les avais pas finalement fait fuir. Juste parce qu'il est juif. Ils ont été arrêtés, ils avaient entre 15 et 17 ans."

 

A Marseille, on raconte l'histoire de cette vieille dame de 83 ans. Cambriolée, elle a vu son voleur revenir après son forfait. "Il a dû voir sa mezouzah en sortant", souffle Michèle Teboul. Alors, il l'a violée. "Ne me fais pas ça, je suis tunisienne comme toi", suppliait la dame. "Tu n'es pas tunisienne, tu es juive", lui aurait dit le violeur. Confondu par son ADN, il a été arrêté. Il a 15 ans. C'est monstrueux, une goutte

Source : Le nouvel Observateur mis à jour le 05 Juillet 2012

 

Suite :

http://laiciteetsociete.hautetfort.com/archive/2012/07/03/houellebecq.html

 

 

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